La résonance est la corde sensible qui nous relie au monde. Se sentir bien ou mal, c’est toujours déjà se sentir dans un monde, en échange et en contact avec lui, à la fois enveloppé et détaché, plus ou moins en ouverture. Nous voudrions interroger le rôle de la résonance, sa place et sa fonction dans le cadre d’une phénoménologie de la santé et du rétablissement. Quelles sont les conditions dans lesquelles la résonance joue en notre faveur ? Peut-elle jouer en notre défaveur ? Comme le rappelle le philosophe allemand contemporain Hartmunt Rosa (1965) : “Sans amour, sans attention ni estime, la corde qui nous relie au monde – les axes de résonance – reste rigide et muette.”
Binswanger dans les Formes fondamentales du Dasein humain (1942) inaugure une phénoménologie de l’amour. Il met l’accent sur la dyade Je-Tu et le nouage d’un Nous (Wirheit) à l’intérieur duquel le monde se déploie et entre en résonance.
Nous analyserons cette faculté de vibrer à l’unisson avec l’ambiance ou de se mettre à son diapason présente dans les phénomènes relevant de la sympathie, de l’harmonie ou de la résonance avec le psychiatre Eugène Minkowski (1885-1972) et le philosophe Henri Maldiney (1912-2013).
Psychanalyste et philosophe, membre de la Société de Psychanalyse Freudienne et de l’École française de Daseinsanalyse, Docteure en philosophie, Caroline GROS a traduit Ludwig Binswanger (Le problème de l’espace en psychopathologie, Toulouse, PUM, 1998) et Martin Heidegger (Les séminaires de Zürich, Paris, Gallimard, 2010) ; elle est l’auteure de Ludwig Binswanger entre phénoménologie et expérience psychiatrique, éditions de La Transparence, 2009.
À paraître : “Ludwig Binswanger, Une anthropologie de l’amour” in Dictionnaire des anthropologies, coordonné par Mathilde Lequin et Albert Piette, Paris, Presses universitaires de Nanterre, 2022. “Ludwig Binswanger” in L’Interprétation, Dictionnaire des auteurs, sous la direction de C. Berner, J.-C. Gens, J. Michel et D. Thouard, Paris, Vrin, 2022-23.
