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L’apparition de la nageoire, la reproduction sexuée dans le règne végétal puis animal étaient impossibles avant qu’elles ne surviennent. L’aile aurait semblé impossible au reptile dont pourtant une partie de la progéniture est devenue oiseau (..) Ce qui arrive dans la métamorphose, c’est l’éveil et l’action de puissances génératrices et regénératrices qui deviennent des puissances créatrices.
Edgar Morin
Quels liens existent-ils entre l’imagination dont fait preuve le vivant et l’imagination humaine ? Et même, le vivant est-il capable d’imagination ? Le vivant n’est pas un assemblage mécanique de molécules, de cellules ou d’organes mis côte-à-côte dans l’espace de la réalité. Il n’est pas seulement soumis à un déterminisme causal. Au contraire :
- 1 – Le vivant est pris en écharpe longitudinalement par une dimension non localisable dans le temps et dans l’espace, dimension « réelle » ou virtuelle chargée de sens, de finalité, de thèmes et de mémoires de l’espèce. Cette activité non locale colonise l’actuel de la « réalité » pour lui donner sa consistance et son unité. Cette activité à distance, c’est-à-dire aussi sans distance, est une puissance d’auto-organisation. Si la biologie mécaniste peut expliquer le fonctionnement du vivant, elle ne peut pas rendre compte de l’origine et du montage de ce fonctionnement.
- 2 – Si un rayon lumineux traversant un obstacle liquide répond aux lois du moindre effort suivant un trajet vectoriel d’un point A à un point B, l’animal, face à un obstacle, explore quant à lui, une infinité de trajets virtuels et adopte des conduites de détours. Si un bord de l’intelligence mécanique a recours aux techniques du moindre effort pour assurer son fonctionnement, l’autre bord, celui de l’intelligence sensible, plus intuitif, expérimente librement une multiplicité de possibilités sinon existentielles du moins réelles. C’est dans ces détours que surviennent la nouveauté et la liberté inventive.
- 3 – La modernité a construit un paradigme centré sur la causalité et le mécanisme : le discours de la sélection naturelle et la compétitivité en est un exemple. L’évolution des espèces serait ainsi produite par mutation aléatoire, sélection, foules statistiques d’essais-erreurs mécanistes qui favoriseraient l’émergence. Existe-t-il au cours de l’évolution une liberté inventive qui échappe au déterminisme mécanique ? Auto-organisation et auto-création du vivant sont-elles seulement soumises à des lois causales ou aussi traversées par une activité imaginative ?