
Ce séminaire est ouvert à toute personne intéressée. Pour vous inscrire, envoyer un mail à hocinif@gmail.com.
En présentiel uniquement
Poids des pierres, des pensées
Songes et montagnes
N’ont pas même balance
Nous habitons encore un autre monde
Peut-être l’intervalle
Philippe Jaccottet
Thématique de la séance : « «métaphore et physique quantique »Présentation : Bruno Dallaporta et Faroudja HociniDiscutant/répondant : Etienne Klein.
Etienne Klein est physicien, philosophe des sciences, directeur du Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière (Saclay).
La révolution quantique a été l’occasion d’une ré-ouverture de l’imaginaire, créant une rupture considérable par rapport aux paradigmes de la modernité où, depuis les théorisations copernico-galiléennes, tout est mathématisation de la matière. Le monde microphysique n’est pas seulement soumis aux lois mécaniques et locales mais est également traversé par des actions qui agissent à distance, c’est-à-dire de façon non-locale, non mécanique et non causale. Alors qu’auparavant on pouvait précisément situer un objet macroscopique dans les coordonnées d’un repère temporel et spatial, on réalise tout à coup que le simple fait d’observer un objet microphysique modifie son comportement. Ainsi, une particule élémentaire peut se comporter tantôt comme une onde, tantôt comme un corpuscule, c’est-à-dire tantôt selon une propagation ondulatoire située dans la réalité de l’espace et du temps, tantôt de manière corpusculaire en explorant un domaine régi par l’indétermination et en réalisant des « survols » trans-spatiaux qui enjambent le temps et l’espace, pour reprendre le lexique du philosophe Raymond Ruyer.
Certains philosophes se sont emparés de cette révolution quantique pour l’interpréter et porter un autre discours sur la matière, proposant ainsi un autre visage du monde. Trois interprétations de ces discours philosophiques sont possibles. 1. Les propositions de ces philosophes de la microphysique sont totalement erronées. Elles ne sont que le fruit de projections où se déploie leur propre imaginaire philosophique. 2. La physique quantique est au contraire la preuve vivante que la matière, dès ces premières particules élémentaires, est, elle aussi, traversée par du Réel, c’est-à-dire par une dimension imaginative. 3. Enfin, le choc produit par la physique quantique dans les années 1920 a peut-être ré-ouvert l’imagination des penseurs. Et même si ces interprétations se sont révélées erronées a posteriori, elles ont peut-être autorisé les philosophes à penser à l’extérieur du paradigme mécanique de la modernité et à exporter, par le détour, cet imaginaire non déterministe, vers d’autres domaines comme l’embryologie, le langage, l’éthologie, la nature, la poésie …