Conçu par Loïs Giraud, directeur d’hôpital et auteur d’articles sur les liens entre nature et soins, et coordonné par Charlie Marquis, chargé du développement de l’antenne de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital dans l’Aisne, ce séminaire interroge la rupture entre nature et culture. Si l’Occident s’est construit sur une rupture ontologique et épistémologique entre nature et culture, dans lequel la nature est avant tout une extériorité matérielle, dénuée de toute valeur morale, ce dualisme n’en apparaît pas moins largement dépassé aujourd’hui. La conception holistique de la santé, les interactions santé-environnement, le décloisonnement ville-hôpital autant que la prolifération de jardins thérapeutiques témoignent de la fonction soignante voire résiliente de la nature et du patrimoine.
Car chaque jour, nos vulnérabilités semblent plus criantes : l’incendie de Notre-Dame, les méga-feux amazoniens comme la crise sanitaire liée à la covid-19 nous rappellent brutalement la fragilité de notre patrimoine historique ; la rapidité avec laquelle la terre nourricière peut devenir meurtrière ; les incidences de la dégradation de l’environnement sur notre santé ; et le manque de résilience de nos organisations socio-économiques. Euphémisées, masquées ou repoussées, la mort et la disparition d’héritage centenaires réapparaissent avec fracas sur la place publique.
Composé de 10 séances et avec des intervenants prestigieux (Catherine Larrère, philosophe, Raphaël Larrère, agronome et sociologue, Patrick Bouchain, architecte et urbaniste, etc.), ce séminaire historicise les relations du monde occidental à la nature et réfléchit à la place de cette dernière à l’hôpital. Dans ce séminaire, la dimension relationnelle qui fonde le soin n’est plus seulement envisagée d’humains à humains : sont champ est élargi à l’ensemble du vivant et à tout ce qui est institué. Le recensement des pratiques contemporaines et concrètes de ce prendre soin en partage des humains et non-humains permet ainsi d’identifier les premiers jalons d’une société du soin et il devient alors possible de composer aujourd’hui ce monde commun, habitable, qui préservera les conditions de la vie demain.
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