Un couple sur quatre est aujourd’hui concerné par l’infertilité. Les causes sont multiples et se croisent : médicales, liées à des facteurs environnementaux et sociétaux. En conséquence, nous sommes de plus en plus nombreu-x-ses à consulter des gynécologues spécialisé-e-s ou à pousser les portes d’un centre de PMA à l’hôpital dans l’espoir de devenir parents.
Depuis la révision des lois de bioéthique à l’été 2021, les centres de PMA accueillent la demande de nouveaux publics (femmes célibataires et couples de femmes). Ces nouvelles patientes conduisent les équipes médicales à s’interroger sur leurs pratiques. Leurs regards sur une spécialité qui fête cette année ses 40 ans offrent l’opportunité d’améliorer les parcours médicaux et globalement de repenser gestes et étapes dans une perspective d’humanisation.
La PMA n’est pas une solution miracle. Cette médecine qui fait naître de grands rêves (la réalisation d’un projet de vie / la parentalité) a des résultats très aléatoires. 80% des FIV se soldent par un échec. Les parcours médicaux s’apparentent à ceux d’une maladie chronique, avec des hauts, des bas, des rechutes. Les patients se désespèrent, perdent confiance, s’abîment : une mécanique de l’échec se met en place, qui laisse souvent les médecins désemparés.
Repenser le soin en PMA est une nécessité. Il est possible d’imaginer de nouvelles façons de faire, qui soient plus à l’écoute, plus respectueuses des patient-e-s. Les équipes médicales peuvent s’ouvrir à des professionnel-le-s d’horizons différents et complémentaires pour proposer des accompagnements plus complexes, personnalisés, mieux adaptés aux besoins des patients. Ces approches, qui reconnaissent et prennent en charge la part émotionnelle des parcours de PMA, existent déjà à l’étranger et offrent une forme de réconfort aux patients. Elles bénéficient également aux équipes médicales.
La PMA se nomme dans les services médicaux concernés l’AMP. Marie-Joëlle Gros, auteure pour la Chaire de philosophie à l’hôpital du rapport « L’AMP ? C’est tout ce qu’on ne dit jamais sur la PMA », propose une nouvelle déclinaison du sigle en Accompagnements Multiples à la Parentalité. Une façon d’acter un changement d’échelle et une nouvelle dimension de la spécialité à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui. |