Décoloniser l’inconscient : Fabrice Bourlez : Tacts
Remanier la psychanalyse avec les féministes et les queers
Présentation du livre :
La psychanalyse est dans la tourmente. Concurrencée par des thérapies de toutes sortes, critiquée par les militant·es qui lui reprochent des erreurs flagrantes en matière de genre et de sexualité, elle doit aujourd’hui être remaniée de fond en comble. C’est avec la notion de tact que Fabrice Bourlez nous propose d’opérer. À la croisée des travaux de Sigmund Freud, Jacques Lacan, Jacques Derrida, Luce Irigaray, Judith Butler ou Eve K. Sedgwick, il retrace l’histoire du concept, souligne son importance pour la clinique et le diffracte en technique, métapsychologie et politique. Il lance un appel vibrant pour mettre le tact au pluriel : il faut des tacts à la psychanalyse pour qu’elle continue d’entendre. Ce « des » renvoie aussi bien aux différentes manières de réapprendre à toucher et à être touché·e qu’aux multiplicités qui traversent désormais le champ des genres et des sexualités. Ce « des » est aussi celui « des » autres, innombrables et toujours singuliers, qui croisent nos vies et peuplent nos inconscients.
Biographie :
Fabrice Bourlez est un psychanalyste et philosophe dont les recherches explorent en profondeur les croisements entre psychanalyse, subjectivité contemporaine et questions de genre. Son travail se distingue par une volonté constante de penser une clinique ouverte, soucieuse des mutations actuelles du sujet et attentive aux formes de vie minoritaires. Plutôt que de défendre une orthodoxie doctrinale, il engage un dialogue critique entre la tradition psychanalytique — principalement lacanienne — et les apports des pensées queer et déconstructivistes. Au cœur de sa réflexion, on trouve une interrogation sur les normes qui façonnent l’inconscient et les modalités d’existence : normes de genre, de sexualité, mais aussi de langage et de pouvoir. Il s’attache à montrer comment les figures dites « déviantes » — queer, trans, marginales — ne relèvent pas d’anomalies à corriger mais ouvrent sur une possibilité de relecture des grands concepts psychanalytiques, à commencer par ceux de pulsion, de fantasme, ou de transfert. Sa pratique théorique repose sur l’idée que la psychanalyse, pour rester vivante, doit pouvoir se confronter aux formes nouvelles de souffrance, de subjectivation et de désidentification. Il met ainsi en valeur des cliniques dites « mineures », où les symptômes ne se laissent pas réduire aux structures classiques (névrose, perversion, psychose), mais demandent des dispositifs d’écoute ajustés, souvent à la frontière de la création, du politique ou de l’expérimentation identitaire. Plutôt qu’une pathologisation des identités non normatives, il propose une lecture qui voit dans ces expériences des points d’invention du sujet, des lignes de fuite qui permettent d’interroger ce que la psychanalyse peut encore aujourd’hui. À travers cette approche, Bourlez contribue à renouveler le champ clinique, en l’ouvrant à des subjectivités parfois perçues comme inanalysables ou « hors cadre », et invite à penser la cure comme un lieu de transformation, où l’énonciation prend le pas sur l’identité fixe. Son travail se situe ainsi à la croisée d’une clinique engagée, d’une théorie critique des normes et d’une fidélité rigoureuse à la logique de l’inconscient, tout en appelant la psychanalyse à ne pas se couper de ce qui, dans le contemporain, fait énigme pour le sujet.
Date
- 25 Juin 2025
Heure
- 19:00 - 21:00
Lieu
Hôpital Sainte Anne - Amphithéâtre Morel
- 1, rue Cabanis 75014 Paris