Avec Françoise Dastur, professeure honoraire de philosophie, présidente honoraire de l’École de Daseinsanalyse, docteure en philosophie, et agrégée. Françoise Dastur est rattachée aux archives Husserl de Paris (ENS). Phénoménologue, elle a consacré sa thèse à « une esquisse de chronologie phénoménologique » (Dire le temps). Sa réflexion s’est centrée principalement sur la temporalité et la mort, mais aussi sur le langage, la poésie, et la question d’autrui. Elle a publié de nombreux ouvrages sur Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty, Derrida, et Gadamer.
Dans son dernier ouvrage, Analyse(s) de la présence (2022), elle met en évidence l’intérêt, pour la psychiatrie, de la phénoménologie, qui permet de penser le soin comme un accompagnement visant à permettre au patient de s’ouvrir à une nouvelle autonomie, en le conduisant vers un « laisser être », excluant ainsi toute posture de domination ou de substitution. À partir de la pensée de Kimura Bin, elle montre en quoi l’objectif de la psychothérapie est d’atténuer l’autocentration du schizophrène, l’empêchant d’accéder à sa propre transcendance interne, en vue de l’orienter vers l’attitude humaine la plus positive, celle consistant à laisser advenir librement la sphère mondaine des relations singulières diverses.
Kimura Bin (1931-2021) est un philosophe, un musicien et un psychiatre japonais. Il a séjourné à l’université de Munich (1961-1963) et à l’université de Heidelberg (1969-1971). Il s’est ainsi inscrit dans le groupe de Heidelberg, courant de pensée animé par les psychiatres et philosophes Hubertus Tellenbach (1914-1994) et Wolfgang Blankenburg (1928-2002), et aujourd’hui par Alfred Kraus (né en 1934) et Thomas Fuchs (né en 1958). Kimura a traduit en japonais plusieurs ouvrages de psychiatres allemands (Binswanger, Tellenbach, Blankenburg). Ses œuvres en japonais ont été réunis en huit volumes en 2001. Il s’agira dans la présentation qui sera faite de l’œuvre de Kimura Bin de mettre l’accent sur la notion proprement japonaise de aida, qu’on traduit par « entre », qui constitue le fondement de la relation intersubjective avec l’autre en même temps que le rapport à soi.