Ce séminaire – atelier d’écriture est pensé à destination des professionnel.le.s de santé.

Dans les métiers soignants comme dans les autres domaines, le burn-out est en constante augmentation ces dernières années. Ses conséquences sur la santé mentale et physique des personnes qu’il affecte sont bien connues, pouvant conduire à la dépression voire au suicide; mais il a aussi des répercussions sur la santé des patients, qui se trouvent confrontés au manque d’empathie et à une plus grande marge d’erreur, voire à un cynisme désabusé de la part des personnes qui en souffrent.

Encore trop souvent considérés socialement comme le fait d’une faiblesse personnelle, la souffrance au travail et l’épuisement professionnel ont longtemps été réduits au silence, quand bien même de nombreuses recherches montrent le rôle non négligeable que joue l’organisation du travail dans leur production (Molinier 2006, Le Guillant, 2010 etc.). La mobilisation du personnel soignant pendant la pandémie de Covid-19 et les apories du système de santé qu’elle a mis en évidence ont très justement éclairé cette responsabilité des organisations du travail dans l’émergence de la souffrance, au sein de métiers dont on sait déjà qu’ils sont plus à risque que les autres (Fagot-Largeault 2010 ; Galam 2017).

Pendant la crise, les soignants ont montré la force de leur engagement et de leur responsabilité. Ils n’ont pas hésité à dire combien les organisations du soin (manque de moyens, de personnel, gestion des « flux », statuts précaires) contribuent à leur souffrance.

Un soin soumis au codage informatique, à la performance et à des protocoles rigides peut miner la vocation des soignants, leurs valeurs, leur engagement. Il déstructure le temps du soin (imposé par une logique gestionnaire extérieure aux besoins des patients et soignants), abîme le collectif (les temps de partages informels y sont du « temps perdu ») et peut conduire au burn-out des soignants, et au soin « dégradé » des patients (Compagnon et Ghadi, 2009). Afin de sortir d’une conception individualisante de l’épuisement au travail pour laisser la place à des récits communs et/ou partagés, et produire des connaissances avec les participants à partir de leur vécu, ce séminaire propose, sous forme d’un atelier alternant théorie, écriture et discussion, de penser collectivement ces questions de souffrance au travail des soignants.

Il s’inspire de la réflexion menée pendant trois ans (2020-2023) avec et par les soignants, mais aussi enseignants, psychothérapeutes (etc.) autour de la souffrance professionnelle et du burn-out, au fil du dispositif de « clinique philosophique du burn-out ».

Les séances et textes des participants sont dessinés et mis en récit par l’artiste Jacopo Mandich, dans un processus de narration imagée qui complète l’approche philosophique et les narrations des participants.

Les séances ont lieu un vendredi par mois, de 13h à 14H30, en distanciel uniquement (sur zoom). Elles sont animées par Benjamin Lévy (psychologue, psychanalyste) et Déborah Gasnot (chargée de mission – Chaire de Philosophie à l’Hôpital ; enseignante SHS santé).
Il est possible de s’inscrire à une ou plusieurs séances. 

Le 23 mai 2025, la Chaire de Philosophie à l’Hôpital a reçu Marie Pezé, aimable marraine du séminaire pour l’année 2024-2025, dans une intervention “Carte Blanche” afin de discuter des rapport entre travail, souffrance et création. 

Marie Pezé est psychologue clinicienne et psychanalyste. Docteure en psychologie, ses travaux mettent en lien trois champs traditionnellement séparés par des barrières disciplinaires : la prise en charge médicale, la psychanalyse et l’étude des enjeux psychiques du travail. Elle s’intéresse particulièrement aux symptômes liés aux traumatismes professionnels, les symptômes liés au harcèlement moral, les troubles musculo-squelettiques et l’anatomie administrative, c’est-à-dire le corps tel qu’il est décrit par les nomenclatures administratives.

Elle est responsable de l’ouverture de la première consultation hospitalière « Souffrance et Travail » en 1997, coordonne le réseau européen des 200 consultations créées depuis, en ligne sur le site souffrance-et-travail.com. Elle a créé le certificat de spécialisation en psychopathologie du travail du CNAM, avec Christophe Dejours. En parallèle, elle anime un groupe de réflexion pluridisciplinaire autour des enjeux théorico-cliniques, médico-juridiques des pathologies du travail qui diffuse des connaissances sur le travail humain sur le site souffrance-et-travail.com.

Ouvrages :

Le Deuxième Corps, La Dispute, 2002.
Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Pearson, 2008.
–  Avec Rachel Saada et Nicolas Sandret, Travailler à armes égales, Pearson, 2011.
Je suis debout bien que blessée, Josette Lyon, 2014.
Le burn-out pour les nuls, Éditions FIRST, 2017.

Documentaires :

Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, Sophie Bruneau et Marc Antoine Roudil.
J’ai (très) mal au travail, Jean-Michel Carre.
La mise à mort du travail, Jean-Robert Viallet, prix Albert-Londres, 2010.