En Suisse, l’aide au suicide est une pratique qui s’est développée de façon adjacente aux institutions médicales, en s’appuyant sur une forte mobilisation associative. Dans les années 1990, de vives confrontations opposant associations et autorités médico-administratives ont abouti à l’adoption d’un moratoire concernant l’aide au suicide des personnes atteintes de troubles psychiques. C’est dans ce contexte de faible institutionnalisation et de débat fort, qu’un procès pénal a été intenté contre le psychiatre Peter Baumann (1935-2011) qui a brisé ce moratoire. En 2001, Baumann a aidé un homme psychiquement malade à mettre fin à sa vie. La présentation va mettre en évidence l’hétérogénéité des positionnements des acteurs engagés dans cette affaire et les tensions au sein du modèle suisse concernant le suicide assisté.
Anthony Stavrianakis est chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7186). En tant qu’anthropologue, il a travaillé sur des questions éthiques liées à des nouvelles biotechnologies, sur la pratique du suicide assisté en Suisse, sur des différentes manières de vivre et mourir avec une maladie incurable (Charcot/SLA), et il tente actuellement de travailler sur des pratiques artistiques qui nouent, ou rendent dicible ou visible des souffrances psychiques.