Séminaire “Santé mentale, regards de philosophes” présenté à la Chaire de Philosophie à l’Hôpital le 29 septembre 2022. Animé par Eva Liévain, avec Olivier Renaut.
La maladie de l’âme chez Platon, c’est le vice. Le vice est parfois comparé dans les dialogues platoniciens à une forme de maladie qui infecterait par des schèmes propres à la maladie physique (dérèglement humoral, infection, contamination) l’ensemble de la structure psychique. Cette analogie entre le vice et la maladie physique, présente dans la République, constitue dans le Timée le lieu d’une causalité assumée : la maladie de l’âme peut provenir d’une disposition maligne du corps. Mais la réciproque est aussi vraie : les vices peuvent causer ou favoriser des dispositions physiques malignes. On part souvent du présupposé selon lequel les schèmes explicatifs de la maladie physique sont premiers par rapport à la nature du vice ; il y a pourtant de nombreux indices chez Platon montrant que c’est plutôt le vice qui détermine, à travers son fonctionnement, ce qu’est une maladie physique, à la fois d’un point de vue factuel, mais aussi normatif, dans sa double dimension éthique et politique.
Il s’agira donc d’explorer les modes de causalité à l’œuvre dans l’interaction entre maladie physique et maladie psychique ; à la faveur d’un dualisme fort que notre modernité a récusé, Platon joue assurément sur les interactions qu’il permet.
Professeur des universités à l’Université Paris-Nanterre, agrégé et Docteur en philosophie, Olivier RENAUT est spécialiste de Platon et d’Aristote. Ses recherches portent plus spécifiquement sur les aspects de la psychologie morale chez ces deux auteurs, en particulier les émotions. Il a dirigé plusieurs volumes collectifs et a publié en son nom propre Platon : La médiation des émotions, Paris, Vrin, 2014, et plus récemment La Rhétorique des passions. Aristote, Rh.II.1-11, Paris, Classiques-Garnier, 2022.