Architecture et care, année 5 :

des daseinsarchitectures 

 

Responsable du séminaire : Éric de Thoisy.
Eric de Thoisy est architecte et docteur en architecture. Il est chercheur associé à la Chaire de Philosophie à l’Hôpital.

Avec le soutien des Hôpitaux de Saint Maurice

La quatrième année du séminaire a fait émerger une idée centrale : l’existant ; ce qui existe, les existences. Pour ce qui est de l’architecture, ce thème relève quasiment du lieu commun, tant c’est un incontournable depuis pas mal de temps déjà. Faire de l’architecture, de plus en plus, c’est aménager et/ou entretenir « l’existant » (le bâti déjà là et tout le reste non bâti), ménager les existences (les habitants, le milieu, les espèces vivantes, etc.), arriver à faire tout cela avec des ressources et des matières existantes, etc. 

C’était moins évident pour ce qui est du soin, l’idée pourtant s’est imposée, et permet de préciser ce que l’on veut dire. Soigner l’autre, c’est le maintenir existant, c’est-à-dire le garder parmi nous ; veiller à son existence à la fois comprise à la fois en tant qu’intégrité biologique et physique, mais aussi en tant qu’appartenance à la communauté politique. On a par ailleurs commencé la quatrième année avec la daseinsanalyse (« analyse existentielle ») un courant de psychothérapie du début du 20ème siècle dont Ludwig Binswanger est le chef de file : sous l’égide du cadre heiddegérien, il s’agit de penser le soin comme l’analyse du da-sein du sujet, son être-là, son existant. Soigner l’autre en tant qu’il existe et que sa pathologie est une « forme d’existence », cela veut dire reconnaître le monde de l’autre et l’habiter ou au moins le rendre habitable, s’y aventurer, s’y risquer (Michel Foucault, Binswanger et l’analyse existentielle, éd. Elisabetta Basso, Paris, EHESS Gallimard Seuil, 2021).

Prendre soin des existences, à la fois des lieux et des sujets existants, ce peut être une nouvelle manière de formuler le programme du séminaire. On recevra plusieurs architectes travaillant dans ce sens : par le développement d’une attention aiguisée à toutes les existences matérielles et immatérielles qui constituent un milieu, ils interrogent et font évoluer le sens et la méthodologie du métier, ainsi que le positionnement de l’architecte comme acteur de la société. Par ailleurs la première partie de l’année sera menée en collaboration avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville (resp. Elisabeth Essaïan). Un groupe d’étudiants travaillera à cette occasion sur les possibilités de transformation d’un existant emblématique de l’histoire du soin : le site dit Esquirol, à Saint-Maurice (Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne). 

Le partenariat entre la Chaire de Philosophie à l’Hôpital et l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, engagé en 2023, est reconduit dans le cadre d’un protocole de collaboration pour expérimenter les relations entre architecture et soin, sur plusieurs années et sous différentes formes

Ainsi, la première partie de la cinquième année du séminaire “Architecture et care” coordonné par Eric de Thoisy, architecte et docteur en architecture, est organisée en relation avec l’école et, plus précisément avec Elisabeth Essaïan, responsable du studio “Architecture et hospitalité”. Les invités des quatre premières séances ont donc été choisis dans un double but : poursuivre le travail courant du séminaire, et enrichir plus spécifiquement les recherches de l’école. Le temps de ce semestre, les étudiants qui assisteront au séminaire “Architecture et care” vont travailler en partenariat avec les Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne sur la faisabilité d’une relocalisation temporaire d’un service psychiatrique au sein du bâtiment historique Esquirol, sur le site de Saint Maurice. 

En effet, suite à l’exposition des travaux des étudiants de l’école, accueillie en mars 2024 sur la péniche l’Adamant, centre de jour psychiatrique des Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne, le studio de projet “Architecture et hospitalité” et la chaire ont été sollicités par une équipe des Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne pour réfléchir à des scenarii de restructuration de différentes unités de l’hôpital Esquirol, afin d’aider l’équipe à enrichir la programmation en cours d’étude et de nourrir, à terme, le cahier des charges.

Dans le cadre de ce projet, les étudiants seront co-encadrés ponctuellement par la chaire, ainsi que par les équipes soignantes de Paris Est Val-de-Marne.

Le séminaire Architecture et care a lieu sur l’Adamant, centre de jour des hôpitaux Saint Maurice pour le secteur Paris-Centre. Un lieu qui entretient l’héritage de la psychothérapie institutionnelle (dans sa dimension spatiale en particulier – c’est l’ambiance) et dont l’architecture est utilisée comme dispositif de déstigmatisation et de visibilité de la psychiatrie, au cœur de la ville.

Pour comprendre l’Adamant avec son architecte :