Année 2016/2017Soin et Compassion 1

https://www.youtube.com/watch?v=cCs8N9SZHuo”][vc_column_text]Comment fabriquer un soin sans se laisser submerger ? La question de la juste distance préoccupe tout soignant. Quelle est-elle au juste ? Pour Cynthia Fleury, elle est celle que vous ferez, vous, en vous inspirant de ceux qui vous ont précédé. Voici quelques postures philosophiques. Pour Levinas, l’éthique précède l’ontologie. Il n’y a pas de sujet sans passer d’abord par la mise à disposition du sujet pour l’autre. Le visage de l’autre fait surgir le sujet chez moi. « Le fait qu’autrui puisse compatir à la souffrance de l’autre est le grand moment ontologique, humain ». C’est par la condition même d’otage qu’il peut y avoir dans le monde compassion. « Le soi est de fond en comble otage, otage plus anciennement que ego ». Pour Levinas, la juste distance pour être au monde avec les autres se situe dans un rapport éthique constitutif du soi. Il s’agit de « s’arracher à soi » comme condition de toute solidarité. Il permet ainsi de penser l’altruisme comme définition du processus de subjectivation.

Pour Jankélévitch, dansL’ironie, il faut que je me garde un peu pour pouvoir continuer à me donner. La condition du soin dans ce champ d’adversité ; face au réel de la mort, est de l’ordre du clivage. Il s’agit soit de faire semblant. Soit de trouver ce lieu dans le soin où il n’y a précisément pas d’otage. Il y a un irréductible en soi et c’est cet irréductible qui fait tenir l’édifice du soin. La juste distance dépend du moment du soin, du patient, de la situation. Nasio lui investit du plus profond de lui-même la faiblesse de l’autre. « Nous étions faibles ensemble » Le soin se situe dans tous les liens que nous sommes capables de créer ensemble. Il s’agit alors de donner un coup de pied à la juste distance par le contre transfert. Il préconise de s’appuyer sur cette part de soi mise en jeu dans le soin. Nos émotions sont un outil indispensable au soin. Pour Roustang, dans Lafin de la plainte, le transfert, dans sa définition de projection sur le soignant ou l’analyste de ses propres pulsions infantiles et insuffisances, de son univers émotionnel, est problématique et tend à maintenir le patient sur le divan. Pour lui, il s’agit avant tout de travailler l’épiphanie de la relation pour faire surgir la capacité d’auto soin. La Vie est une invention sans cesse. Le patient possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu’il rencontre. IL s’agit de trouver le capacitaire qui est déjà là et pour cela, lâcher prise. Lâcher prise sur ses émotions, ne pas en faire un fardeau à verbaliser. Lâcher prise sur la finalité de la guérison, et étirer le temps afin de laisser émerger quelque chose.

Ainsi, alors même que la juste distance est essentielle pour qu’il y ait soin, elle est impossible à définir ou déterminer, et sujet à des conflits d’interprétation. Elle ne demande que de l’expérimentation