Le 3 bis f est actuellement dirigé par Jasmine Lebert, directrice générale & directrice artistique spectacle vivant. Pour plus d’informations sur le centre d’art, vous pouvez consulter son site Internet.
Le 19 juin 2025, la Chaire de Philosophie à l’Hôpital inaugurait sa 7e antenne au sein du centre hospitalier psychiatrique Montperrin, en partenariat avec le centre d’arts contemporains 3 bis f. Cette antenne aixoise vient renforcer une démarche de réflexion sur le soin dans l’institution déjà existante depuis plusieurs décennies et propose une nouvelle approche pour penser les liens entre art et soin. L’antenne aixoise de la Chaire au CHM avec le 3 bis f s’est donné pour axe de recherche : “Faire corps commun autour de l’impératif d’humanité”.
Le 3 bis f : Un centre d’art et une fabrique des arts vivants dans un espace d’hospitalités au sein de l’hôpital
Le 3 bis f est un bâtiment du centre anciennement destiné aux femmes. D’un des bâtiments les plus fermés et asilaires du CH Montperrin – il est progressivement devenu le lieu le plus ouvert du centre. En se saisissant des locaux et en instaurant des résidences d’artistes, le 3 bis f relie ainsi depuis plus de 40 ans l’hôpital à la Cité. Le pari de ce centre d’art en milieu psychiatrique ? L’introduction de l’art comme levier de soin, non pas en tant qu’art-thérapie, mais en s’inspirant du pragmatisme de John Dewey en entendant l’art comme expérience.
Le 3 bis f cultive à Montperrin des formes d’interdépendance entre l’art, le soin et la société civile, à partir d’hospitalités croisées. Il naît et prend place dans l’hôpital et constitue aujourd’hui l’unique lieu labellisé par le ministère de la Culture relié organiquement à un établissement de santé (label Centre d’arts contemporains d’intérêt national, obtenu en 2021).
Chaque année, le centre invite des artistes et compagnies à développer leurs recherches et créations dans le cadre de résidences au sein de l’hôpital. Des moments de rencontres avec un public mixte (personnes en parcours de soin, personnes extérieures à l’hôpital), appelées « sessions », ponctuent le travail artistique lors de la résidence en proposant des ateliers de pratique collective our des temps d’échanges faisant partie du travail de création, sans faire de différence selon l’état des personnes, leur origine ou leur statut.
Pour aller plus loin :
Il ne faut toutefois pas comprendre ici qu’il s’agit de « session d’art thérapie ». Au sein du 3 bis f, l’art n’est pas réduit à un outil thérapeutique. Il est une expérience relationnelle, un lieu de rencontres propices à des confrontations conceptuelles, aux questionnements d’artistes avec des patients, des professionnels de l’art, le personnel soignant, des travailleurs sociaux et le public dans une démarche de prise en compte de tous et de chacun, d’inclusion, de citoyenneté. Sa pratique permet, entre autres, de participer à la revalorisation de la notion d’asile (droit d’asile, terre d’asile, etc.) et à décloisonner les espaces pour lier organiquement ce lieu d’art et de culture à l’hôpital à l’ensemble de la société.
En plus d’être un centre d’art indépendant, le 3 bis f est aussi une unité fonctionnelle de l’hôpital, faisant partie du Pôle ressources. Une équipe atypique, tout à la fois pluridisciplinaire, artistique et soignante, composée d’infirmiers et de professionnels de la culture, a permis le développement d’une forme d’expertise sur l’imbrication de la création artistique au soin.
L’art comme levier de soin par Cynthia Fleury, philosophe, titulaire de la Chaire de philosophie à l’Hôpital GHU Paris psychiatrie & neurosciences, Camille Louis, philosophe et dramaturge, avec la participation de praticiens hospitaliers du Centre Hospitalier Montperrin : Muriel Gregoire, médecin psychiatre addictologue au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), Amélie Martinez, art-thérapeute au sein de l’unité de soins intensifs & artiste urbaine, Amélie Senez, infirmière au 3 bis f Centre d’arts contemporains, et Sylvain Rollandin, infirmier au 3 bis f.
Le réseau Art, soin, citoyenneté
En 2022, le 3 bis f initiait un projet de réseau Art, soin, citoyenneté à partir de la conviction de l’enjeu majeur qu’il y a à lier organiquement les lieux d’art et de culture à l’ensemble de la société, à d’autres usages citoyens, d’autres sphères sociales, d’autres services publics, notamment en lien avec le soin.
Ce projet de réseau Art, soin, citoyenneté a pour objectifs de :
- multiplier les lieux qui lient l’art au soin, la création artistique à l’hospitalité ;
- fédérer tous les projets et initiatives activant un rapport entre l’art et le soin, compris dans une forme d’écologie de l’attention à l’autre, avec de multiples récits représentatifs de toutes les personnes qui composent la société, inversant le regard par rapport à des normes et des schémas dominants, dans une société véritablement inclusive ;
- prendre soin des personnes, créer des environnements de soutien, améliorer le pouvoir d’agir des populations ainsi que la valorisation et la circulation des savoirs de chacun.
Pour ce faire, des webinaires sont régulièrement organisés en plus des rencontres ou de la mise en place d’un groupe de réflexion mensuel ouvert à tous et à toutes portant sur les problématiques liées aux relations entre l’art, le soin, la citoyenneté et la psychiatrie.