Le 28 février 2024 s’est tenu à la Chaire la première séance du séminaire Décoloniser l’inconscient – année 4 : les éthiques du refus, animée par Frédéric Baitinger, philosophe, psychanalyste et chercheur associé.
Séminaire Décoloniser l’insconscient : Les éthiques du refus – année 3,
Animé par Frédéric Baitinger, philosophe, psychanalyste et chercheur associé à la Chaire de Philosophie à l’Hôpital, membre du collectif de Pantin.
Le 28 février 2024.
Dans son séminaire 7, L’éthique de la psychanalyse, Lacan s’interroge sur ce qui distingue la notion “d’amour du prochain”, devant laquelle Freud recule dans Malaise dans la civilisation, de la morale eudémonique antique. En quoi la quête du bonheur se distingue-t-elle du commandement chrétien “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” ? Et Lacan de répondre que ces deux approches en apparence si radicalement opposées se rejoignent en fait dès l’instant que l’idée du prochain se réduit à n’être qu’une projection imaginaire de soi-même dans l’Autre. Projection dont la théorie Benthamienne des fictions donne la clé. Car une fois relue à partir de l’idée d’utilité, la formule chrétienne laisse apparaitre ce qui se tient derrière ses idéaux. A savoir, son attachement au principe de plaisir entendu comme limite posée dans la recherche du Bien. Lacan écrit : “Mon égoïsme se satisfait fort bien d’un certain altruisme, de celui qui se place au niveau de l’utile” (220). Car ce qui fonde l’idée d’utilité, ce qui la soutient, qu’est-ce d’autre sinon l’idée de plaisir ? Or le plaisir, se demande Lacan, n’est-il pas lui-même une construction visant à masquer ce qui se tient au delà de son principe ? c’est-à-dire le domaine de la jouissance et de la pulsion de mort ?
En partant de cette question, et de la réponse qu’y apporte Lacan à travers son étude d’Antigone, il s’agira d’introduire à la grande division qui traverse le champ des études queer depuis maintenant une dizaine d’année (entre penseurs relationnels et anti-relationnels), ainsi qu’à la manière dont Mari Ruti, dans son livre The Ethics of Opting Out, se propose de repenser les lignes de cette division à l’aide d’une relecture critique des différents usages et mésusages que les penseurs relationnels et anti-relationnels font de l’éthique lacanienne de la psychanalyse, ainsi que de sa critique par Michel Foucault.
Ce faisant, il s’agira aussi de proposer une introduction critique à l’ouvrage de Pierre Niedergang, ouvrage dans lequel celui-ci se propose de repenser le champ des études queer à partir d’une critique de ses tendances les plus anti-relationnelles.