https://www.youtube.com/watch?v=rtc3GkijZ_ISéance animée par Astrid Chevance et Ioanna Bartsidi
De Schleiermacher et de Dilthey à Heidegger et à Gadamer, l’herméneutique constitue la tâche ouverte du comprendre. Elle prend en charge des formes de vérité qui ne sont pas de l’ordre de la transparence, de l’intuition ou de l’objectivité positive : l’œuvre d’art, les textes du passé que nous livre la tradition, l’expérience historique elle-même. Elle émerge ainsi là où un sens est possible, mais où la saisie immédiate d’une vérité est exclue ; elle apparaît comme nécessaire quand la méconnaissance et la mécompréhension sont des virtualités. Comme l’art « d’éviter le malentendu et le contresens », l’herméneutique se substitue à la démarche scientifique explicative et intervient quand elle n’est plus possible ni pertinente.
Au lieu de proposer une méthode de la vérité, l’herméneutique considère la compréhension ontologiquement, comme phénomène, fait et expérience. Jamais absolu, toujours fragile et provisoire, le sens n’a lieu que quand nous nous confrontons à l’altérité radicale du passé, du texte, de l’Autre. De manière constitutive, la compréhension est exposée ainsi à son échec, à sa relativité, à sa finitude. Comment continuer à interpréter, en mesurant pleinement ces risques ?
Vérité et méthode (1960), l’opus magnum de Hans-Georg Gadamer, entreprend de répondre à cette question. Nous l’explorerons comparativement avec son recueil de conférences intitulé Le problème de la conscience historique (1958) afin d’exposer les grandes lignes de son herméneutique philosophique.
Ioanna Bartsidi est ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (Ulm), agrégée de philosophie et doctorante à l’Université de Paris-Nanterre (Sophiapol). Ses recherches portent sur Hegel et le post hégélianisme, ainsi que sur le problème de l’historicité du discours dans l’herméneutique et le post structuralisme