Année 2020/2021Décoloniser l'inconscientIntroduction : Panique décoloniale chez les psychanalystes !

“Le “décolonialisme” est une stratégie hégémonique” : l’appel de 80 intellectuels, Le Point, 28/11/2028.
“La pensée “décoloniale” renforce le narcissisme des petites différences” : l’appel de 80 psychanalystes, Le Monde, 26/09/2019.
“Panique décoloniale chez les psychanalystes !” : la réponse aux deux premiers manifestes.
“Mais que font les psychanalystes ?” AOC Opinion, Silivia Lippi et Patrice Maniglier, 11.10.2019.
Ayouch, Thamy. Psychanalyse et hybridité : Genre, colonialité, subjectivations. Leveu Unicersity Press, 2018.

La psychanalyse serait-elle prise d’une crise de panique décoloniale ? C’est en tout cas ce que pourrait laisser penser la polémique qui a opposé, en 2019, deux groupes de psychanalystes et universitaires autour de la question de l’émergence et de la légitimité des études décoloniales et post-coloniales, et plus largement des théories critiques et multi-culturalistes en provenance des Etats-Unis. Les premiers, dans Le Monde du 25 septembre 2019, reprenant le Manifeste des « 80 intellectuels » publiée dans Le Point l’année précédente (28 novembre 2018), reprochait à la « pensée décoloniale » de faire l’impasse sur le vécu personnel au nom des déterminismes culturels et sociaux, et de faire ainsi le jeu du populisme et du racisme sous couvert d’activisme politique. Une autre, parue dans Libération, lui répondait en s’étonnant et de cet enrôlement de la psychanalyse dans la croisade anti-« décoloniale » et de la conception de la discipline sur laquelle elle se fondait, insistant au contraire sur la solidarité de la psychanalyse bien comprise avec au moins certaines des interrogations associées à ces discours « décoloniaux », à condition qu’ils soient eux-mêmes bien compris. Prenant appui sur cette polémique, ce cours se proposera de déployer les enjeux épistémologiques, métapsychologiques et cliniques qui sous tendent la possibilité d’instaurer un tel dialogue, et s’attardera pour cela sur la manière dont les études décoloniales et post-coloniales nous invitent à repenser la notion d’identité et de sujet à partir d’une prise en compte radicale des logiques de dominations qui en sous-tendent le fonctionnement.