Séance animée par Frédéric Baitinger, philosophe et psychanalyste
Dans son Séminaire XIV, La Logique du Fantasme (1966-1967), Lacan écrit “… si Freud a écrit quelque part que « l’anatomie, c’est le destin », il y a peut-être un moment où, quand on sera revenu à une saine perception de ce que Freud nous a découvert, on dira – je ne dis même pas que « la politique, c’est l’inconscient » – mais, tout simplement : l’inconscient c’est la politique ! Je veux dire que ce qui lie les hommes entre eux, ce qui les oppose, est précisément à motiver de ce dont nous essayons pour l’instant d’articuler la logique.” (166) Or — et c’est là la thèse que déploiera ce cinquième cours — une telle logique n’est pas réductible pour Lacan à la logique du signifiant, ni à la logique de la matrice hétérosexuelle comme le suggère Butler ; elle s’ouvre, au contraire, sur une clinique de la jouissance capable de se dresser contre les effets ségrégatifs des politiques identitaires au nom de la “banalité singulière” des modes de jouir et d’aimer de chacun.e.s ; « modes de jouir » qui ne sont autres que ce qui fonde véritablement ce que Lacan appelle dans la “Préface à l’Édition anglaise du Séminaire XI”, l’inconscient réel, soit l’inconscient en tant qu’expression du corps pulsionnel, et non l’inconscient en tant qu’articulé au désir de l’Autre.
Jacques Lacan. Séminaire XIV, La logique du fantasme. Non publié.
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Miller, Jacques-Alain. “Intuitions Milanaises”. La cause freudienne, #68, 2008.
Schneider, Michel. Big Mother, Psychopathologie de la vie politique. Paris, Odile Jacob, 2005.