Séance animée par Astrid Chevance et Bruno Ambroise
L’idée que la parole fait des choses est maintenant bien ancrée dans l’horizon intellectuel de notre époque, depuis que la théorie des actes de discours fait partie intégrante des sciences du langage et que le concept de performatif a migré dans une bonne partie des sciences humaines et sociales. Au prix toutefois d’accommodements parfois fructueux, mais régulièrement douteux.
Dès lors, il peut s’avérer utile de revenir sur ce que voulait vraiment saisir J. L. Austin au moyen du concept de « performatif » et celui dérivé de speech act pour mieux en éclairer les enjeux propres et identifier ce qu’on peut véritablement penser (et ne pas penser) par leur moyen, et ce afin de se prémunir des tentations idéalistes et illusoires de doter le langage de pouvoirs qu’il n’a pas et ne peut pas avoir.
Il s’agira donc de revenir à une compréhension réaliste et mesurée de l’efficacité dite “performative” du langage et d’insister sur les conditions multiples, notamment socio-institutionnelles, de celle-ci.
Bruno Ambroise est chercheur en philosophie du langage au CNRS, affecté à l’ISJPS (UMR 8103 : CNRS/Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne). Spécialiste de la philosophie de John L. Austin et, plus généralement, de la théorie des actes de parole, il cherche à comprendre l’efficacité du langage en mobilisant conjointement les ressources de la philosophie et des sciences humaines et sociales (notamment le droit, la sociologie et l’anthropologie linguistique). Son projet de recherche plus général vise à établir une typologie comparative des actes de parole en tant que réalités socio-culturelles. Il a publié Qu’est-ce qu’un acte de parole ? (Vrin, 2008) et De l’action du discours (ISTE Editions, 2018)