Le burn-out est en constante augmentation dans les métiers soignants. Avec la crise de la Covid-19, la part des facteurs organisationnels dans la souffrance des soignants est devenue manifeste. Un soin soumis à des critères de performance économique et à des protocoles rigides peut miner la vocation des soignants, leurs valeurs, et affaiblir leur engagement. Ces organisations déstructurent le temps du soin, abîment le collectif, et peuvent conduire au burn-out des soignants comme au soin « dégradé » des patients.
Pourtant, les soignants montrent au quotidien la force de leur engagement. Ils prennent soin et accompagnent les plus vulnérables, malgré les nombreuses difficultés, et témoignent des liens entre les organisations du soin (manque de moyens, de personnel, gestion des « flux », statuts précaires) et leur souffrance.
C’est pour faire place à leur parole et comprendre leur souffrance que la Chaire de Philosophie à l’Hôpital organise depuis deux ans un atelier d’écriture, qui offre un espace collectif et sécure de mise en récit de leur vécu. Cet atelier s’inscrit dans la ligne des éthiques narratives, qui proposent la mise en récit de la souffrance comme possibilité de rétablissement de l’identité personnelle.
La parole des soignants, recueillie au fil de l’atelier d’écriture, manifeste la force de leur engagement. Elle permet de déplacer le regard et de comprendre le soin depuis leur vécu. Elle ouvre sur de nombreux questionnements : comment penser des organisations du travail soignant qui contribuent à un soin juste et bienveillant pour les patients comme pour les soignants ? Quel être-au-monde peut-on lire dans les nouvelles « normes » du soin ? Dans quelle mesure la narration et l’écriture peuvent-elles contribuer à limiter la souffrance et à renouer avec le récit collectif d’un soin capacitaire ?
Cette conférence-débat se propose de prolonger ces questionnements et de rendre hommage aux récits des soignants, par une mise en scène de leurs textes, lus par des comédiens.
Introduction par Cynthia Fleury, suivie d’une présentation de l’atelier par Valérie Gateau.
« Il n’y a plus rien à faire » — L’écriture est-elle thérapeutique ?, par Sarah Chiche
Mise en scène des textes écrits par les participants, par les comédiens Palina Kotsiashava et Louis Ferrand.