Des changements importants sont intervenus dans l’évolution du suicide, dans notre pays et dans une grande partie des autres. Depuis 1985 le taux de suicide baisse. Le mouvement est net, régulier et de grande ampleur. Le taux de suicide s’établissait au cours des années 1985 et 1986 à 22,5 pour 100 000 habitants, soit un niveau voisin des années précédant la première guerre mondiale, très proche du maximum jamais enregistré une seule fois dans notre pays (25 en 1908). Il est tombé en 2013 à 15,1 et à 13,8 en 2014 , soit un niveau identique ou légèrement inférieur à celui que la France a connu dans les années 1950, dans l’immédiat après-guerre et au tout début des années de forte croissance : l’un des plus faibles qui ait jamais été enregistré au cours du vingtième siècle, à l’exception des années de guerre. Bref au cours des trente dernières années, le taux de suicide est passé du niveau maximum au niveau minimum ! Pourquoi ? Comment ?
Invité : Christian BAUDELOT, né en 1938, est sociologue. Il a successivement enseigné aux Universités de Lille, de Nantes, Yale, NYU, Shanghaï,à l’Ensae puis au Département de sciences sociales de l’Ecole Normale Supérieure qu’il a dirigé de 1990 à 2008. Il a travaillé pendant quatre ans à l’Insee sur l’évolution individuelle des salaires. Il a publié avec Roger Establet de nombreux ouvrages sur les inégalités sociales à l’école, la scolarisation des filles, la hausse du niveau, les classes sociales, la jeunesse, et la sociologie du suicide. Durkheim et le suicide, Puf, 1984 ; Suicide, l’envers de notre monde, Seuil, 2006 ; réédité en poche en 2018, col Points.