Nous nous proposons d’analyser une définition possible de la médecine comme science des maladies. Nous rappelons dans un premier temps que se poser la question de savoir s’il existe un concept unifié, clair et objectif de la maladie a d’abord et avant tout un enjeu épistémologique pour la médecine : quel est son statut épistémologique en tant que science ? Force est de constater que les médecins, dans leur pratique médicale peuvent se passer d’un concept unifié de la maladie, et développent plutôt des théories régionales des maladies, leur permettant d’instancier les cas dans une classe spécifique de maladie.
En revanche, il nous apparaît que la question de la définition de la maladie se pose à nouveaux frais dès lors que l’on s’interroge sur ce qu’est un acte médical. En effet, il existe de nombreux actes dits médicaux qui ne semblent pas avoir pour cible et objet une maladie. Nous prenons à ce titre l’exemple de la médecine dite « améliorative ». La question est donc celle-ci : est-ce que la médecine améliorative et la médecine curative peuvent s’insérer ou pas dans un même cadre conceptuel à l’intérieur duquel joue encore le concept de maladie, quel que soit le contenu qu’on lui donne (un contenu naturaliste ou un contenu normatif par exemple) ?
Dans notre intervention, nous examinons tour à tour trois positions et les problèmes qu’elles suscitent.
(1) La médecine améliorative ne fait pas partie du domaine médical, tout simplement parce qu’il n’y a pas de malade et pas de maladie. Il faut donc cesser d’employer le terme de « médecine »
(2) La médecine améliorative appartient bien à la médecine ; mais comme elle n’a pas affaire à des maladies, il faut cesser de considérer le concept de maladie comme l’attribut essentiel de la médecine, bref il ne faut plus définir la médecine comme la science des maladies.
(3) La médecine améliorative appartient bien à la médecine, et il faut maintenir le rôle central du concept de maladie dans la définition de la médecine ; mais il faut alors renouveler ce concept de maladie pour qu’il puisse jouer dans la médecine améliorative.
Bertrand Nouailles