« Quelle est la différence entre Dieu et un chirurgien ? Réponse : Dieu ne s’est jamais pris pour un chirurgien, lui ! » Cette plaisanterie des couloirs de l’hôpital en dit long sur l’hubris fondateur de la profession chirurgicale, dotée d’un pouvoir d’action inédit sur les êtres et les choses. De fait, « l’indicible d’une communion intense avec les ressorts de la vie » qui caractérise la pratique chirurgicale, se double d’un soin intrinsèquement agressif, qui consiste à « rentrer dedans ». Ceci explique pour partie la dimension éminemment transgressive de la profession, mais aussi la récurrence et la fréquence de pratiques transgressives au bloc, qu’il s’agisse de paroles blasphématoires ou du non-respect des règles d’asepsie. De quoi ces transgressions sont-elles le nom ? Avec Dr Michel Caillol, PH en chirurgie orthopédique et traumatologique & Leslie Lépront, docteure en sciences de gestion, cheffe de cabinet de la Directrice générale de l’ARS Ile-de-France.
Michel Caillol est chirurgien orthopédique et docteur en philosophie, membre de l’Équipe Pédagogique de l’Espace Ethique Méditerranéen et fondateur et animateur d’un organisme de formation en éthique médicale, Médecine Éthique. Après plus de 25 ans d’activité chirurgicale, à la suite d’un accident de ski, il prend une orientation définitivement philosophique qui s’épanouit à travers de nombreuses conférences, des formations auprès des soignants, un séminaire de philosophie pratique à l’UTL Marseille et de nombreux articles.
Leslie Lépront est cheffe de cabinet de la Directrice générale de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France. Après avoir obtenu un master en management des établissements de santé, elle rédige une thèse sur les pratiques transgressives des chirurgiens au sein de plusieurs blocs opératoires d’un groupe d’hôpitaux privés sous la direction du Professeur Jean-Paul Dumond.