“Être constitué par la parole et évoluant sans cesse dans un environnement parsemé de significations multiples, changeantes et régulièrement sources de discussion, l’individu humain doit se définir, selon le philosophe canadien Charles Taylor, comme un “animal qui s’interprète lui-même” (a self-interpreting animal). Mais qu’implique une telle conception anthropologique, en particulier pour le discours des sciences qui le prennent comme objet de leur investigation ? C’est la question à laquelle l’article “L’interprétation et les sciences de l’homme” (1971) cherche à apporter un réponse, en rejetant une tendance “naturaliste” à l’œuvre dans les sciences humaines et en mettant au cœur de son analyse la “situation herméneutique” propre à l’agent humain. Mêlant l’influence phénoménologique à l’analyse historique, l’originalité de l’approche taylorienne est de nous proposer une ontologie sociale dans laquelle le geste d’auto-interprétation occupe une place centrale.”