Les séances ont lieu sur Zoom les vendredis midi (13h-14h30). Elles sont animées par Jérôme Bouvy, Olivier Laurini et Benjamin Lévy. Il est possible de s’inscrire à une séance ou à plusieurs.

Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, se traduit selon la Haute Autorité de Santé par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » (HAS, 2017). Présent à deux reprises dans cette définition, l’adjectif émotionnel s’applique tant à l’expression clinique du syndrome qu’à son contexte d’apparition. Dans les critères du burn-out proposés par la HAS, les manifestations de l’épuisement émotionnel sont citées en première place (« anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion »). Elles sont aussi présentes, de manière diffuse, parmi les autres critères (« comportement agressif, parfois violent, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité à l’égard des collaborateurs » ; « dévalorisation »).

C’est dire l’importance d’un travail exploratoire sur le mécanisme des émotions pour comprendre et accompagner le burn-out, resitué dans son contexte social et professionnel.

Ces dernières années, l’intérêt pour les émotions des soignants et leur retentissement sur le bien-être au travail a été exprimé par de nombreuses manifestations et publications, comme les Rencontres soignantes de 2020 (« Gère tes émotions ! Quelles implications pour quels soins ? ») ou des articles thématiques de la revue soignante Santé Mentale (« Contraintes émotionnelles dans les soins », « De l’émotion empêchée à l’émotion subversive », etc.). En parallèle, l’opposition philosophique classique entre les émotions et la raison s’est vue remise en question. La recherche scientifique en psychologie évoque une « révolution affective » traversant de nombreux domaines de recherche et générant « un nouveau souffle scientifique dans l’étude de l’émotion » (Traité de psychologie des émotions, Sanders & Scherer, 2009).

Quelle est la juste place des émotions dans la relation thérapeutique, entre « neutralité bienveillante » et engagement personnel des soignants ? Comment fonctionnent-elles, et comment s’expriment chez les soignants les grandes émotions fondamentales : la colère, la joie, la tristesse, la peur ? Dans un contexte professionnel, les émotions sont-elles seulement un symptôme ou peuvent-elle aussi être une ressource pour trouver du sens au travail et lutter contre le burn-out ? Quel est le retentissement du climat émotionnel et relationnel au niveau d’une institution ? Comment intégrer les émotions dans la dynamique d’équipe ? Enfin, que signifie « gérer » ses émotions ?

Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans ce séminaire-atelier. Il s’inspire de la réflexion menée depuis 2020 avec et par les soignants, mais aussi les enseignants, les psychothérapeutes, etc., autour de la souffrance professionnelle et du burn-out, au fil du dispositif de « clinique philosophique du burn-out ».

Inspiré des éthiques narratives, ce dispositif alterne apports théoriques et temps d’écriture. Les séances et textes des
participants sont dessinés et mis en récit par l’artiste Jacopo Mandich, dans un processus de narration imagée qui complète l’approche philosophique et les narrations des participants.