En 2007, l’exposition « Design for the other 90%” au Cooper-Hewitt Smithonian Design Museum invitait les designers à se préoccuper des populations éloignées des champs habituels du design, prolongeant les travaux princeps de Viktor Papanek. Les catastrophes naturelles sont considérées comme d’autant plus violentes que leur impact est à la fois complexe et interconnecté : incluant les populations, mais aussi les infrastructures, les réseaux et les organisations. Le changement climatique et l’incapacité des nations à adopter des mesures fortes pour y faire face menacent la vie sur terre – humaine et non humaine – et exigent une réponse à la hauteur de ces défis. Ce design des urgences est plus que jamais d’actualité parce qu’il ne concerne plus seulement des individus éloignés mais bien ceux qui partagent notre quotidien : migrants, réfugiés, victimes de catastrophes, sans domicile fixe, etc. Quelles sont les capacités d’invention et de réponse des designers face à ces enjeux et quels sont leurs apports à ces situations ?
Béatrice Gisclard est designer, docteure en géographie et Maîtresse de Conférences en design. Actuellement co-responsable du master Design Innovation Société à l’Université de Nîmes et chercheure associée au CERISC (centre de recherche interdisciplinaire sur la sécurité civile d’Aix en Provence). Le cœur de ses recherches interroge l’engagement et la participation citoyenne dans les politiques de gestion des risques et les apports du design social à ces sujets. Ses travaux portent sur les risques naturels (inondation – canicule), l’alerte à la population et les réseaux sociaux numériques dans la gestion de crise. Son approche interdisciplinaire (géographie, psychologie et design) permet d’aborder les interrelations que l’individu entretient avec son environnement à travers l’innovation sociale territorialisée.