Alors que les chirurgiens sont souvent pointés pour leur manque d’appétence pour le relationnel avec les patients, les sciences sociales interrogent les tenants et aboutissants de cette « armure psychique », souvent comprise comme une stratégie de défense esquissée inconsciemment pour faire face à la « violente intimité » du geste chirurgical. Nombreux sont en outre les chirurgiens à relever l’envahissement par les émotions et la puissante charge mentale ressentie tout particulièrement à leurs débuts dans le métier, autant que le stress et l’anxiété chroniques qui caractérisent l’ensemble des métiers du bloc. Alors que les dispositifs de soutien institutionnels restent balbutiants, les nouvelles technologies peuvent favoriser une meilleure reconnaissance de la dimension éminemment subjective du métier autant qu’une appréhension plus conscientisée du sens de la question de la responsabilité individuelle et collective au bloc.
Avec Dr Philippe Nuss, psychiatre des hôpitaux, praticien hospitalier en charge de l’unité de psychiatrie de jour et d’addictologie du service de Psychiatrie et de Psychologie médicale du CHU Saint-Antoine à Paris et Pr Alain Sautet, chef de service chirurgie orthopédique de l’hôpital Saint-Antoine.