Conçu par Loïs Giraud, directeur d’hôpital et auteur d’articles sur les liens entre nature et soins, et coordonné par Charlie Marquis, chargé du développement de l’antenne de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital dans l’Aisne (EPSMD, Prémontré).

Ce séminaire est proposé par l’antenne de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital à Prémontré (02) en collaboration avec l’EPSMD de l’Aisne. Il se déroulera un mardi de chaque mois, de 17h30 à 19h30 dans la salle des fêtes de l’EPSMD à Prémontré (02) et simultanément en visioconférence.
EPSMDA

Acte politique premier et fondateur, la reconnaissance de la vulnérabilité fait immédiatement de l’humain un être social. Pour acquérir une autonomie après être venu au monde ou encore pour se protéger contre les menaces potentielles posées par son environnement comme par ses semblables, les humains se rassemblent, échangent et transmettent idées et pratiques afin d’élaborer des institutions imaginaires et matérielles.

En occident, le progrès est ainsi envisagé comme un arrachement de l’humain à sa vulnérabilité naturelle. Produits techniques de cette vision, l’architecture et l’urbanisme incarnent souvent l’ambition de corriger la finitude humaine et de défier les contraintes posées par la topographie ou le climat. Dans cette perspective, la nature est avant tout une extériorité matérielle, dénuée de toute valeur morale. De cadre immuable, réservoir inépuisable au service des projets humains, elle devient plus récemment un objet à préserver. Destructeur ou protecteur, l’humain continue d’entretenir un rapport de domination avec la nature.

L’ère contemporaine invite à changer de perspective !

La crise écologique porte en germe une crise sociale qui met à l’épreuve la césure entre nature et culture. Chaque jour, nos vulnérabilités semblent plus criantes : l’incendie de Notre-Dame, les méga-feux amazoniens comme la crise sanitaire liée à la covid-19 nous rappellent brutalement la fragilité de notre patrimoine historique ; la rapidité avec laquelle la terre nourricière peut devenir meurtrière ; les incidences de la dégradation de l’environnement sur notre santé ; et le manque de résilience de nos organisations socio-économiques. Euphémisées, masquées ou repoussées, la mort et la disparition d’héritage centenaires réapparaissent avec fracas sur la place publique.

Agir implique de sentir, connaitre et comprendre les liens qui nous ont toujours uni à notre environnement, à appréhender aujourd’hui comme un ensemble d’éléments allant du domestique au sauvage, composé d’humains et de non humains, agissant toujours sur nous en même temps que nous agissons sur lui.

Ainsi, la dimension relationnelle qui fonde le soin n’est plus à envisager seulement d’humains à humains : son champ s’étend à l’ensemble du vivant et à tout ce qui est institué. En adoptant une posture plus modeste, attentive aux capacités génératrices du non-humain, la fonction soignante apparaît bien davantage réciproque et multimodale qu’unilatérale et asymétrique. Recenser les pratiques contemporaines et concrètes de ce prendre soin en partage permet d’identifier les premiers jalons d’une société du soin.

En misant sur un renouvellement des outils et des imaginaires démocratiques, il devient possible de composer aujourd’hui ce monde commun, habitable, qui préservera les conditions de la vie demain.

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