Les enjeux de santé publique sont nombreux et constitutifs du monde de demain : pathologies chroniques, vieillissement, accessibilité, déserts médicaux, pollutions, impacts des bouleversements climatiques, écologiques, et désormais anthropoceniques, etc. La crise pandémique, qui fut une expérience urbaine (qu’elle prenne la forme d’un confinement ou d’un exode), a confirmé l’importance de ces sujets et remis au centre du débat un questionnement, qui traverse tout : quelle place la cité accorde-t-elle à l’acte du soin, et à tous ses acteurs, le soigné, le soignant, et les autres ?
L’histoire du soin, et l’histoire des lieux du soin qui l’accompagne, est une histoire de soutien ; l’histoire des lieux-tenant, des lieux et des architectures qui nous tiennent et nous soutiennent, plutôt qu’ils nous détiennent ou nous contiennent – même si l’histoire de ces lieux-là, ceux contenant, est à raconter en même temps puisque c’est souvent la même.
Cette histoire est présentée ici dans sept espaces (eux aussi tenus et tenant), correspondant à sept dimensions complémentaires des relations entre soin, ville et architecture : les distances, entre la santé et la maladie, et entre la ville et ses lieux de soin ; les éléments, ces territoires qui sont soignants (ou non soignants) avant d’être de l’architecture ; les formes, celles que prend l’hôpital, et plus généralement l’institution du soin ; les frontières, traçant les limites des gestes et des lieux du soin, du plus intime au plus public ; les nécropoles, et autres lieux du soin que nous portons aux morts ; les hétérotopies, architectures alternatives où s’inventent d’autres formes de soin ; les inhabitables enfin, ces territoires malades dans lesquels l’architecte doit « prendre en réparation le monde, par fragments, comme il lui vient », pour paraphraser le poète Francis Ponge. Et à ces sept espaces, un autre est attenant : les portraits vidéo de neuf lieux franciliens, qui sont des productions archétypales du soin (et du non-soin) comme principe d’aménagement du territoire, y sont projetés.
Faire du soin le principe cardinal des pratiques architecturales et urbaines : c’est la conviction portée par cette exposition, car c’est la condition de l’avenir des villes, et plus généralement de l’avenir des espaces habités et non-habités ; la condition même de l’habitabilité du monde.
Exposition produite par le Pavillon de l’Arsenal – Entrée libre du 6 avril au 28 aout 2022 – Plus d’information ici.